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Le Koala
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Le Koala
24 juillet 2005

Début d'une histoire de l'été...

Deux déboires pour commencer :
Mon corps me gratte sans que je ne puisse rien y faire : en me grattant, mes griffes me déchiqueteraient la peau et le remède serait pire que l'origine du mal.
Par ailleurs, j'ai hier soir eu une envie de faire le DJ ("are you ready to partyyyyyy" pour les intimes), mais l'expérience n'a pas été concluante : ne possédant pas de platines, j'ai posé mes mains sur des plaques chauffantes dont une venait de servir à faire bouillir de l'eau...
Mais, passons, je ne suis pas là pour raconter ma vie.

Et voici ce que vous attendez tous depuis un moment déjà (il va falloir s'habituer à ce ton présomptueux) : l'histoire romancée, interpolée, extrapolée (car je n'en connais que certains points) de ma famille depuis l'époque où ma grand-mère était encore une jeune femme mariée...
"Il est cinq heures du matin et le marché de Phnom Penh s'agite déjà. Alors que son mari dort encore, Huong attache ses cheveux devant un vieux miroir brisé sur le côté gauche, elle sait que la journée sera difficile mais son intime conviction que c'est ce qu'il faut faire la rassure dans son dur labeur. Aujourd'hui encore, elle va devoir laver les vêtements ainsi que la maison, préparer le riz bouilli pour elle et son mari, puis s'activer à ouvrir le stand de fruits à six heures du matin. Le chien, maigre, et à la peau dégarnie, chargé de garder le stand, sort de sa torpeur en voyant approcher sa maîtresse et lui fait la fête, une fête que ne lui rend pas Huong, trop occupé à constater que les quelques fruits qu'il lui reste sont pour la plupart moisis ou pourris. Elle sait qu'elle devra vendre à perte et que son mari lui en voudra mais elle n'y peut rien. Pendant ce temps, son mari qui en train de manger le riz bouilli, pense à l'argent restant, somme de ses maigres économies et de l'argent du récent mariage, et se dit qu'il n'ira pas acheter de nouveaux fruits pour le stand aujourd'hui. Non à la place, il pense au club de jeux situé dans la dernière avenue du village. Il n'y a jamais été mais on lui a raconté l'histoire de certains amis d'amis qui y avaient tellement gagné qu'ils étaient partis à Hong Kong refaire leur vie. Aujourd'hui donc, il n'irait pas seconder sa femme au stand mais il irait jouer, parier, et pourquoi pas, gagner. Pendant ce temps, Huong, qui a réussi à vendre deux oranges à la peau plus noire qu'orange, commence à avoir faim, et se demande pourquoi son mari n'est pas déjà là avec quelques ravitaillements ainsi que le déjeuner. Elle se sent bizarre, pas tout à fait dans son assiette et irait bien faire une petite sieste. Elle a vomi ce matin. Elle espère qu'elle n'est pas malade, car son mari risquerait de lui en vouloir. Elle décide de poser sa tête sur un étalage pour se reposer un peu et sans s'en apercevoir, elle s'endort... C'est une claque qui la réveille. Il fait déjà nuit et son mari, manifestement saoul, se tient devant elle :
"Tu es folle ou quoi ? Laisser le stand sans surveillance comme ça...
- Mais où étais-tu ? J'avais faim, je n'étais pas bien et...
- Tais-toi ! Comment peux-tu oser répondre ? Sache que moi, j'essayais de nous faire gagner de l'argent, tandis que toi, feignante, tu dormais...
- Pardon, pardon..."
Mais le mari, secrètement énervé d'avoir perdu toutes les économies, s'était déjà mis à la battre. Huong se laissait faire, elle savait que ce n'était qu'un mauvais moment à passer... Pourtant, son mari s'arrêta plus rapidement que d'habitude, et lui posa une question :
"Tes parents t'ont laissé de l'argent il me semble, en cas d'urgence ?
- Oui...
- Donne-moi cet argent et je te pardonnerai pour aujourd'hui...
- Mais, cet argent sera pour nous aider à élever nos enfants et..."
Voyant la tête bouillonnante de son mari, elle se leva et alla chercher l'argent.
"Tu peux au moins me dire où tu vas avec ça ?
- Je vais nous gagner de l'argent au club.
- Non, ne fais pas ça, tu risques de tout perdre ! Reste avec moi...
- Tais-toi !
- Je crois que je suis enceinte...
- Tais-toi !"
Huong ne revit jamais son mari, pas plus que celui-ci ne vit le petit garçon auquel elle donna naissance quelques mois après..."

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